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Catherine Ladousse: Rencontre avec une femme engagée
ENTRE ELLES - ENTREPRENEURES

Catherine Ladousse: Rencontre avec une femme engagée

Catherine Ladousse, Présidente du Cercle InterElles

Catherine Ladousse est une militante passionnée de la parité en entreprise. En 2001, elle est l’une des quatre femmes à avoir lancé, chacune dans son entreprise, un réseau de femmes en interne : les premiers en France. Dans la foulée, ces 4 pionnières organisaient un « réseau de réseaux », le Cercle InterElles dont Catherine Ladousse est aujourd’hui à la fois la présidente et sans aucun doute, le membre le plus influent. Depuis, cette battante a évolué: d’IBM France, elle est devenue la Directrice de communication pour l’Europe, le Moyen Orient, et l’Afrique  du groupe Lenovo. Femme engagée, elle a continué de faire grandir le Cercle InterElles qui compte aujourd’hui pas moins de 14 grands groupes *. Avec des objectifs clairs : booster la représentativité des femmes en entreprise, leur recrutement et leur carrière, dans les secteurs technologiques et scientifiques.  Entretien avec une femme engagée… *14 groupes adhérents du Cercle InterElles : Air liquide, Canon, CEA, Dassault Systemes, ENGIE, GE, Gemalto, IBM,  Intel, Lenovo, Nexter, Orange, Orano, Schlumberger. Comment est née l’idée d’un « réseau de réseaux » de femmes et d’hommes en entreprise engagé.e .s pour la mixité ? L’idée a surgi, il y a  17 ans, autour d’une table. Nous étions 4 femmes dans des postes de direction : communication, ventes, RH, business, à nous réunir régulièrement, toutes en provenance de groupes de technologie chez IBM, Schlumberger, General Electric, France Télécom. Nous partagions de nombreux sujets communs, et un triste constat. Nous étions frappées par le manque total de mixité dans nos groupes, surtout au niveau des cadres de direction, ce qui créait un déséquilibre criant dans les équipes, et se traduisait selon nous dans la performance économique. Avec une moyenne de 25% de femmes dans les effectifs – et parfois moins –  il est plus difficile de les faire monter ensuite dans la hiérarchie. Je venais d’American Express, où la parité était la règle, et j’arrivais chez IBM France dans un groupe d’ingénieurs, dominé par une culture masculine : cela m’a sidérée.  Nous nous sommes donc demandé- nous quatre- comment faire évoluer les esprits, quels étaient les obstacles, les solutions de mentoring et d’accompagnement, et  comment partager ensemble les bonnes pratiques… Nous voulions créer une prise de conscience, et montrer en quoi réparer cette disparité pouvait être un sujet de business. Nous avons donc décidé non seulement de créer des réseaux de femmes, mais aussi de les faire se rencontrer à travers un réseau de réseaux : le Cercle InterElles est né ainsi. Le président d’IBM France, Bernard Dufau a tout de suite soutenu l’idée et dès le début, le réseau d’IBM France a pu compter  200 femmes. Nous avons lancé la première conférence du Cercle InterElles le 8 mars 2002, ce fut un succès immédiat. Comment le Cercle InterElles a-t-il agi en profondeur sur les organisations de ces groupes ? Quels ont été les effets, les bénéfices de ce réseau ? C’est un enjeu de compétitivité, pas seulement de parité. D’année en année, le taux de recrutement des femmes progresse, dans les sociétés de technologie, et particulièrement chez les adhérents du Cercle InterElles. Chez Engie  ou chez Nexter par exemple, elles sont aujourd’hui 23% : cela semble peu, mais c’est déjà beaucoup comparé à quelques années auparavant. Du coup nous sommes plus nombreuses, plus mobilisées dans toutes les manifestations. Nous avons créé ce rendez-vous annuel, cette grande conférence sur une journée entière, organisée à tour de rôle par chaque groupe adhérent du Cercle, pour échanger sur nos bonnes pratiques.  Longtemps seul le Président ou la Présidente du groupe concerné venait témoigner : aujourd’hui tous les directeurs souhaitent intervenir, parce qu’ils se sont appropriés le sujet, et qu’ils encouragent le mouvement. Ils ont intégré cette dimension de la mixité comme un atout compétitif et attractif pour les jeunes générations. Et c’est très bien ainsi. Qu’est-ce que l’institutionnalisation de la structure, récemment convertie en association a changé à l’esprit du Cercle InterElles ? Nous avons longtemps travaillé ensemble de façon informelle, avant de nous organiser en association en 2012, après 10 ans d’expérience: nous  avons délégué ainsi l’organisation de l’événement à une structure dédiée. Mais l’esprit reste le même : il s’agit vraiment d’intelligence collective, de nous mobiliser sur un travail de fond, de diffuser les initiatives à travers nos organisations, et toujours avec des solutions concrètes aussi bien sur la négociation salariale, sur les qualités de leadership, sur l’équilibre vie personnelle/ vie professionnelle…  Chaque année nous proposons des thèmes de réflexion différents. Depuis 16 ans, nous lançons des études annuelles sur les sujets choisis pour mesure les obstacles, les attentes, les progrès. Et sa publication est toujours une découverte, qui permet d’orienter le travail ensuite, et de lutter contre les stéréotypes. Par exemple, l’an dernier nous avions choisi deux thèmes principaux : Le rôle des hommes dans les programmes de mixité et les femmes et l’innovation. Nous avons d’ailleurs publié le résultat de ses travaux dans nos actes accessibles sur notre site. http://www.interelles.com/  . Je vous révèle les sujets du prochain colloque : nous allons travailler sur « la mixité et l’intergénérationnel» et sur un sujet de forte actualité dans le numérique : « l’intelligence artificielle a – t -elle un sexe ? ». Le Cercle InterElles a gagné ainsi au fil des ans, une reconnaissance qui va bien au-delà de nos groupes, et qui nous donne de l’énergie, un élan partagé. Cette réputation amène d’autres sociétés à adhérer, d’autres secteurs à s’organiser sur des modèles similaires, et elle permet aussi  d’attirer de nombreuses jeunes femmes vers la technologie et les sciences. Ce qui est toujours notre but premier. Nous sommes convaincues qu’il faut les encourager dès le plus jeune âge, dans le choix de ces filières scientifiques et technologiques afin que plus de femmes rejoignent nos secteurs. Les métiers du digital sont en plein essor : On ne peut pas se contenter de seulement 27% de femmes ! https://www.youtube.com/watch?v=sNsVWEfRYR4 Et en matière de réseaux, vous avez fait des émules comme le montrent les initiatives récentes, notamment du Cigref….  Nous ne sommes plus les seules en effet, à militer en faveur des femmes dans les métiers scientifiques et de la tech : le Syntec Numérique a créé en 2011 un programme «femmes du numérique » sous la direction de Veronique Di Benedetto, d’Econocom. Avec le CIGREF et quelques associations, il vient de lancer un collectif « femmes@numérique » qui réunit une quarantaine d’associations, pour favoriser la place de femmes  dans les métiers du numérique. En projet aussi, une fondation financée par des grandes entreprises avec le soutien de Mounir Mahjoudi, le Secrétaire d’Etat au Numérique. Ce long combat, et votre implication sur ce sujet qui vous ont conduit à prendre la présidence du Cercle InterElles, ont des répercussions sur votre rôle au sein de Lenovo, et bien au-delà… J’ai cette chance que Lenovo ait accompagné et encouragé ces initiatives. Le groupe a choisi de nommer en France une présidente, une femme emblématique, Elisabeth Moreno qui est militante sur le sujet.  Et pour ma part, en tant que Directrice exécutive de Lenovo, en charge de la  communication EMEA (Europe Moyen Orient Afrique),  j’ai pu mesurer depuis plus de 10 ans, les effets de cette adhésion du groupe. Le réseau interne, «Women in Lenovo Leadership »  a grandi, et phénomène intéressant, le sujet de la parité  interpelle aujourd’hui tout autant les hommes que les femmes du groupe : lors du dernier séminaire global de managers, au  printemps à Athènes, c’étaient eux les plus nombreux inscrits  sur la session qui y était consacrée ! Aujourd’hui, je ne suis pas la seule porte-parole du groupe sur la place des femmes, mais je le suis en effet beaucoup à l’extérieur, dès qu’il y a une manifestation institutionnelle, une nouvelle réglementation, sur le sujet ! https://www.youtube.com/watch?v=H-6HXbwFSlE A ce moment de ma carrière, je suis toujours particulièrement heureuse de pouvoir aider les jeunes femmes à briser quelques stéréotypes et à affronter les obstacles plus facilement afin qu’elles progressent dans leur carrière et soit pleinement libres de leurs choix. D’où mon engagement aussi au sein du collectif « Ensemble contre le sexisme »  que nous avons créé dans la suite de la campagne gouvernementale de 2017  « Sexisme Pas Notre Genre ». Ce collectif rassemble une trentaine d’associations dont le Cercle InterElles pour lutter ensemble contre le sexisme sous toutes ses formes et dans tous les secteurs : sport, media, culture, numérique, pour favoriser les réflexions positives autour de l’égalité professionnelle, des droits reproductifs, de la  santé… Un combat permanent pour une plus grande égalité entre les femmes et les hommes. http://www.interelles.com/actualite/video-les-dirigeant-e-s-au-colloque-interelles


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