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Simplon- La fabrique des pointures sur le web
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Simplon- La fabrique des pointures sur le web

Lutter contre les fractures du numérique est devenu son combat quotidien, acharné, méthodique – avec d’incroyables réussites dans les régions rurales ou dans les grandes banlieues, chez les seniors comme  auprès des jeunes défavorisés. Cinq ans après avoir créé Simplon, une super –école du web, Frédéric Bardeau est devenu indispensable à toutes les réflexions, toutes les manifestations sur le sujet. Son modèle inspire pouvoirs publics et entreprises privées. Au Salon des Entrepreneurs ou à Viva Technologies, il est un « keynote speaker » très recherché. BNP Paribas, ERDF, Orange ou Microsoft France, et bien d’autres, font appel à lui régulièrement. Aujourd’hui, il se sert  de cette visibilité comme levier pour continuer de semer la bonne parole et pour implanter des écoles dans de nouvelles régions. Il a bien voulu nous accorder un peu de temps pour parler d’une de ses convictions : les femmes doivent être plus présentes dans l’économie du numérique.

«Deviens Hackeuse! », « deviens développeur-se du web, datartisan, référent-e digital !» . Les invitations sur le site de Simplon, l’école la plus courue du web,  sont rapides et efficaces, traduisant clairement la diversité des programmes proposés par l’un des plus vastes réseaux de formations au numérique de France. A Saint-Denis de la Réunion, Roanne, Auch ou Epinal, en grande banlieue parisienne, toulousaine ou lilloise: Simplon a essaimé déjà sur une quarantaine de sites, à une vitesse prodigieuse, avec le soutien des pouvoirs publics, du mécénat ou d’associations et mouvements divers comme « la France s’engage », les écoles régionales du Numérique, l’Adep (association pour le développement de la formation permanente) et autres Greta.  Plus de  2000 personnes ont déjà été formées ainsi par le réseau depuis 2013 aux grands métiers du numérique. Mais au contraire d’écoles plus classiques, Simplon a un objectif particulier : le réseau est d’abord un outil d’inclusion et forme au numérique des  talents parmi les publics peu représentés dans le secteur. Entreprise sociale et solidaire, et se revendiquant comme telle, Simplon se présente comme un « réseau de fabriques numériques et inclusives » en France et à l’étranger. Et conseille par ailleurs les entreprises dans leur transformation digitale ou  pour réaliser leurs sites et leurs applications.

Peu enclines à s’intéresser aux métiers techniques du Web, les jeunes femmes sont une des cibles prioritaires de Simplon qui veille sur la parité dans ses promotions. « Ce n’est pas une surprise, les femmes sont encore nettement sous-représentées dans le secteur de la tech, note Frédéric Bardeau. Cela vient de loin : d’une culture, de stéréotypes de genre associés aux métiers de la tech et qui engendrent des comportements de blocage, d’auto-censure qui en découlent. »

Simplon s’est attelé à  corriger le tir … «Avec 40% de développeuses dans nos formations, on a un très bon taux: on pratique la discrimination positive, et on peut faire encore mieux. » Pour Frédéric Bardeau, intégrer les femmes aux formations est une évidence, d’abord par pragmatisme. «  Il y a deux bonnes raisons : d’une part on fait face en France à une pénurie de techniciens qualifiés ; dans les métiers du numérique, on a des centaines d’emplois à pourvoir. Il est donc impératif de faire appel aux femmes. Et d’autre part, dès qu’on introduit de la mixité dans un secteur, la performance économique s’en porte mieux, le turnover est moins important. »

Dans toutes les aventures lancées par Simplon, Frédéric Bardeau croit beaucoup aux effets positifs de la diversité sous toutes ses formes, mixant joyeusement jeunes et seniors,  personnes isolées,  surdiplômés en décrochage et chômeurs sans diplômes. Ateliers gratuits, ouverts au moins de 25 ans ou cursus de plusieurs mois, les formules varient, mais pas l’esprit. «  On va chercher les candidats avec les dents, ironise-t-il.  Parce qu’il faut convaincre en amont que ce n’est pas du temps perdu, que ce n’est pas hors de portée, que l’investissement dans la formation de départ, qui est gratuite, vaut la peine ». Alors, avec son équipe, il bat le rappel, il fait le tour des évènements spécifiques, des antennes de  Pôle emploi, des associations locales. Et il innove, toujours.

Son  programme FabLabs Solidaires assure ainsi la formation gratuite de jeunes de moins de 25 ans à la fabrication numérique. Les ateliers du programme  portent aussi bien sur la découverte de la modélisation 3D et la création d’un premier objet, ou d’une identité visuelle, que sur la prise en main de machines pour réaliser un t-shirt ou une casquette personnalisée, pour réparer   des objets électroniques,  découvrir le codage et la programmation d’objets,  réaliser des instruments de musique, ou de pochettes à partir de matériaux recyclés…l’imagination est infinie. Avec à chaque pas, l’option offerte de s’initier au monde de la création et du partage, de donner forme à des idées, de s’amuser tout en découvrant les potentiels du monde numérique.

Simplon a donc créé rapidement dans le même esprit,  le FabLab dans le 20e arrondissement de Paris : 200 M2 dédiés à la fabrication numérique et à l’innovation solidaire, pour fédérer une communauté collaborative de contributeurs actifs sur des projets, réserver des machines (imprimantes 3D, découpeuses laser..),  des outils et  logiciels accessibles à tous, ou lancer de nouvelles créations engagées. C’est de la FabLab aussi qu’est partie l’idée de propositions plus ciblées, avec les projets  « Makeuses » dans le but de faire émerger, et d’accompagner financièrement des start-ups et les projets visant à féminiser le secteur de la tech.

Avec la Fondation Simplon et ses partenaires, la Fondation SNCF, la Fondation ManpowerGroup et Orange RSE, le SimplonLab de Paris 20ème, a ainsi lancé en février dernier  un appel à idées pour soutenir les femmes souhaitant mettre la tech au service d’un projet à impact social, et les porteurs/euses de projets et d’actions dédiés, en faveur de la féminisation du secteur.  Les efforts de Simplon sont payants,  et Frédéric Bardeau ne se lasse pas d’égrener les succès de ses « élèves ». Ce sont ces jeunes femmes d’Aulnay -sous-Bois, sans diplômes,  qui ont appris le coding, de Java Script à PHP grâce à la mission locale et sont devenues développeuses à 40.000 euros par an … C’est cette jeune comorienne, diplômée en géographie, et reconvertie en data-scientist, travaillant aujourd’hui en free-lance pour de grands groupes. «  Parmi nos élèves, 5 à 7% d’entre elles sur une promo vont créer leur start-ups », dit-il. Il fait part ainsi de son admiration pour cette jeune développeuse qui avait fait du graphisme au départ et qui a créé un site internet «I wheel share » à la suite de l’accident de voiture de son frère pour cartographier tous les lieux non accessibles aux handicapés…


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